Démarche PIDAPI
Le principal souci de notre équipe
de travail était de trouver un équilibre entre la volonté de permettre aux enfants
de disposer dans la classe d'espaces d'individualisation dans leurs apprentissages
et celle de respecter le contrat qui nous lie à l'Etat.
Notre intention était alors de disposer de supports didactiques en mesure de
jalonner les évolutions des élèves en maths et connaissance de la langue sans
pour autant n'en faire que notre seule référence. Il était question de permettre
aux élèves de construire des parcours d'apprentissage selon un plan de travail
hebdomadairement établi mais aussi de participer à des moments d'échanges collectifs,
qui s'appuient par exemple sur les techniques Freinet : études de textes libres
et mathématiques naturelles.
Nous nous sommes alors intéressés aux ceintures disciplinaires et devant l'absence
de supports existants, nous sommes attachés à en créer. Plusieurs années de
travail, pas mal de vacances consacrées, de nombreuses modifications apportées
à une œuvre collectivement construite.
A ce jour, la démarche PIDAPI, c'est ainsi qu'elle se nomme (Parcours Individualisé et Différencié des Apprentissages et Pédagogie Institutionnelle), en est à la version 3 ce qui correspond en fait à une double vague d'améliorations apportées. Rien n'est encore définitif, de nombreuses erreurs ou maladresses parasitent toujours l'ensemble, mais nous disposons d'un support qui permet pleinement à la classe de fonctionner telle que nous l'entendions au début.
Dans les faits, cette démarche propose
des outils sous forme de fiches de travail regroupant l'ensemble des compétences
relatives au cycle III d'école primaire. Ces compétences sont ordonnées selon
des couleurs de ceintures (jaune et orange pour des compétences en lien avec
le cycle II et vert, bleu et marron pour celles de cycle III). Dans chaque ceinture,
les enfants peuvent trouver une série de compétences (en moyenne cinq ou six)
pour lesquelles ils doivent s'entraîner avant la passage de l'épreuve validante
(la ceinture).
Chaque semaine, les enfants remplissent dans leur plan de travail la partie
consacrée au choix de la ceinture qu'ils souhaitent travailler ainsi que les
compétences qui y correspondent.
Chaque fiche s'appuie sur un même modèle afin qu'il y ait une moindre gêne entre
les divers supports : les enfants savent directement quelle est la nature de
la consigne pour toutes les compétences.
Sur le recto de la feuille :
1 - " Qu'est-ce que je sais faire
? " : cette première partie vise à aider l'enfant à déterminer ce qu'il maîtrise
déjà et à orienter la nature de la tâche à fournir.
2 - " Conseil " : une sorte de digest de ce qui est à retenir ou des astuces
utiles à l'apprentissage de la compétence.
3 - " Exemples " qui illustrent de manière significative les indications du
conseil.
4 - " Entraînements " : ils se présentent sous forme de trois types d'exercices
permettant aux élèves de travailler ce qu'ils n'ont pas réussi dans la première
partie.
Sur le verso :
5 - " Test " : un petit exercice visant
l'évaluation des acquis en fin d'entraînement.
6 - " Correction à Qu'est-ce que je sais faire ? "
7 - " Correction aux entraînements ".
Sont à disposition des élèves ou de l'enseignant un classeur de correction des tests.
Ces outils proposent à l'enseignant
de jongler entre trois types d'évaluations :
- Une évaluation diagnostique qui se traduit par la partie " Qu'est-ce que je
sais faire " de chaque fiche mais aussi par l'existence de " pré-ceintures.
" Celles-ci sont passées en début d'année ou juste avant de débuter l'entraînement
à une nouvelle ceinture. Elles permettent de distinguer les compétences déjà
acquises à travers les autres moments de classe ou au cours des précédentes
années scolaires et celles en cours de construction ou non encore acquises.
Chaque enfant dispose d'un " port-folio ", un protège document regroupant l'ensemble
des grilles de ceintures qui indiquent les compétences qui restent à travailler.
- Une évaluation sommative manifestée par la réussite à une ceinture : un enfant
qui réussit toutes les épreuves de la ceinture verte de grammaire devient vert
dans ce domaine et peut choisir de débuter l'entraînement correspondant à la
ceinture bleue. Il ne peut y avoir aucune régression dans les ceintures, ce
qui d'ailleurs en valorise l'accès.
- Une évaluation formative guidée d'abord par les différents parcours permis
dans chaque fiche puis par les conseils plus ciblés indiqués lorsqu'un enfant
échoue à une ceinture : il ne doit plus alors s'entraîner qu'aux compétences
non acquises. Nous disposons pour cela de différents " folios ", c'est à dire
plusieurs exemplaires de mêmes ceintures avec des énoncés modifiés. En cas de
non réussite, les enfants ne refont pas les mêmes exercices.
Avec l'expérience, nous nous sommes
aperçus que cette démarche avait plusieurs effets pédagogiquement intéressants
:
+ Elle propose aux enfants de travailler des éléments situés dans ce que l'on
nomme leur zone de proche développement, c'est à dire ni exactement à leur mesure
ni non plus hors de leur portée mais juste au-delà de ce qu'ils maîtrisent déjà
afin de les conduire vers une évolution personnifiée.
+ Elle propose une pédagogie de la réussite basée sur la recherche de maîtrise.
L'esprit général dans lequel les enfants s'inscrivent, est que : soit ils sont
reconnus compétents par la classe, soit ils sont considérés comme " non encore
compétents. " De plus, tous les enfants disposent au moins d'une ceinture dans
laquelle ils se sentent grands, ne serait-ce que par l'aide qu'ils peuvent apporter
aux plus petits. Dans la classe, un tableau de ceinture appelé " Je grandis
" reprend les ceintures de chacun, ce qui crée assez facilement un climat d'émulation
plus que de compétition.
+ Elle permet à la classe de vivre assez aisément des moments de réelle individualisation,
où chacun s'attache à un travail qui lui est propre et qui diffère très souvent
de celui des copains.
+ Elle se veut un support à l'entraide et à la coopération entre enfants. Par
exemple, les " verts en calcul " deviennent en même temps des experts potentiels
pour ceux qui en manifesteraient la demande mais aussi des élèves en mesure
de solliciter un " bleu " pour une compétence spécifique. + Pendant ces moments
de travaux sur ceintures, l'enseignant est alors à même de pouvoir centrer son
action sur une aide personnalisée auprès d'enfants en blocage autour d'un même
domaine. Il constitue avec eux un petit groupe de travail dont le but est d'explorer
ensemble la fiche et de tenter à plusieurs de parfaire les apprentissages.
+ Enfin, cette démarche complète de manière différenciée les autres approches
didactiques choisies par l'enseignant et vient soit apporter de nouveaux contenus
aux enfants soit les aider à comprendre autrement une connaissance déjà abordée
lors d'un temps de travail collectif. Il se peut donc par exemple qu'un élève
n'ait pas saisi le sens de la division lors de l'exploration commune faite en
classe mais qu'il se la soit en revanche appropriée à travers une réflexion
personnelle menée par l'intermédiaire de la fiche. L'inverse est aussi vrai.
Les enfants que nous avons rencontrés et qui ont quitté le cycle III avec comme acquises les ceintures bleues n'ont rencontré aucune difficulté particulière au collège. Ceux qui avaient obtenu les ceintures marron ont même été de très bons élèves par la suite.
Ainsi donc, ces outils permettent à l'enseignant de se lancer bien plus aisément dans une démarche coopérative. Ils proposent également aux enfants d'apprendre par eux-mêmes mais aussi grâce aux copains et copines ou lors de moments menés par l'adulte de la classe. En matière d'éducation, rien ne peut réellement être décidé par quelqu'un d'autre que l'apprenant lui-même. Autant donc l'inciter à décider par lui-même des chemins d'évolutions les plus opportuns.
POUR CONTACTER L'ASSOCIATION PIDAPI :
Par courrier : Association PIDAPI 13, rue des coteaux 34 830 CLAPIERS
Par internet : ass.pidapi@laposte.net